Armel Le Cléac’h, sur Brit Air, a fait, en pleine tempête, une pointe au planning de 32 nœuds. Il dit que, vu l’état de la mer et la violence du vent, il n’y a pas de quoi se vanter. Au contraire, dit-il, ces maxis, bêtes de course, ne sont pas faciles à retenir, même sous voilure réduite. Voilà qui donnera matière à réflexion aux organisateurs du Vendée Globe ainsi qu’aux architectes et chantiers navals qui ont conçu et construit ces bolides.

Je soutiens toujours que les architectes qui ont conçu, sous pression des skippers, ces voiliers hyper-légers et ultra-rapides aux allures portantes, doivent avoir des remords et s’inquiètent pour les concurrents du Vendée Globe 2008-2009.

Comparaison : un maxi fait 60 pieds de long environ et pèse entre 15.000 et 18.000 livres. Notre sloop pépère de 32 pieds coque (34’ hors-tout), Mahone Belle, pèse autour de 10.000 livres, et déjà de nombreux experts le considèrent trop léger pour la croisière hauturière. Vous voyez le tableau ?!

Il est vrai qu’on ne peut comparer des pommes avec des poires, d’autant plus que les Open 60 ont un profil de carène,  une quille pendulaire et des ballasts d’eau conçus pour garder ces coursiers «dans leur assiette» le plus possible, par tout temps our presque.

Les conditions météo dans lesquelles se trouvent les concurrents du Vendée Globe 2008-2009 auraient été acceptables, à la limite, pour un ketch de 37 pieds comme le Trintella de mes parents : longue quille (= meilleure stabilité de route), souplesse d’utilisation des voiles grâce aux deux mâts et rapport lest/poids total de 40% ou plus, c-à-d. couple à redresser très fort pour prévenir le chavirement.

Pour les nouveaux voiliers comme notre Bénéteau 323 actuel «Mahone Belle», ce rapport lest/poids total tombe à 25%. Pourquoi ? Parce qu’un voilier rapide et confortable se vend mieux, même si sa tenue de mer est moins bonne. Pourquoi encore ? Parce que la plupart des plaisanciers d’aujourd’hui sont des skippers de week-end seulement, des marins d’eau douce en somme. C’est comme ça qu’on en apprend sur les stratégies de vente des voiliers de plaisance.

DERNIÈRE NOUVELLE du VG : les skippers en tête de course prévoient être dans les parages du Cap Horn dans dix à quinze jours s’il n’y a pas de casse. Une de leurs craintes : les icebergs et growlers sont signalés plus au nord cette année qu’auparavant. Donc, ils ne pourront peut-être pas piquer droit sur le Cap Horn. Ils risquent de devoir suivre une route plus au nord et plus longue, pour plus de sécurité.

Hatfield vient de faire savoir que ces deux pilots automatiques ne sont pas fiables par 35 nœuds de vent et plus. En effet, lui aussi s’est planté dans une vague au planning, alors que les pilotes auto étaient programmés pour descendre les vagues en diagonale afin d’aller moins vite. Résulat : après s’être arrêté net dans la vague qu’il rattrapait, sont voilier, Algimousse, s’est mis en travers de la houle et une déferlante a inondé le cockpit et la cabine (qu’il n’avait pas fermée). Bilan : ordinateurs et autres appareils de la station de navigation qui déconnent, couchette trempée… Il se demande s’il peut continuer dans ces conditions même s’il a tout fait pour assécher ses instruments de bord aussi vite que possible. On le saura bientôt.