Jourdain (2e) estime que sa situation n’est pas si mauvaise sans quille, pourvu qu’il n’y ait pas de déferlantes, car Veolia est fortement alourdi par le ballast d’eau. Il est à 200 nautiques des Açores. On dit que si l’humour va, tout va. C’est bien son état d’esprit, exemple : sa façon de caractériser cette course de « Vendée Desjoyeaux ». Il cite aussi l’adage : « Un bon marin c’est un marin qui rentre au port » pour se donner du cœur au ventre. Son moral est de fer !
Desjoyeaux (1er), à 250 nautiques du but, compte arriver frais et dispos demain matin aux Sables d’Olonne. Aujourd’hui il savoure pleinement le plaisir d’être, pour quelques heures encore, seul sur son bateau avec la mer et le vent, avant le retour à la vie sur la terre ferme. Il se trouve pour l’instant dans une zone de calmes, à faible vitesse et cap au sud-ouest pour mieux se positionner en prévision du vent qui va passer au sud-ouest et ainsi le propulser vers les Sables sans l’obliger à louvoyer vers la ligne d’arrivée.
Le Cléac’h (3e) navigue toujours dans une zone de vents faible, à 500 nautiques derrière Jourdain. Au rythme que tient Jourdain actuellement, même sans quille, Le Cléac’h aura fort à faire pour le dépasser dans les prochains jours.
Davies (4e) fait route au nord dans les alizés du nord-est à 12 nœuds de moyenne, suivie de près par Guillemot (5e) à 60 nautiques environ de son tableau arrière. Guillemot est las de l’état de la mer au nord de l’équateur. La mer n’est pas énorme mais inconfortable. On a entendu le même commentaire de ses prédécesseurs dans cette zone de l’Atlantique nord. A bien observer les performances de Davies ces derniers jours, elle semble être passée en mode course à 100% et vouloir conserver sa place devant Guillemot. Voilà qui ajoute du piquant à ce Vendée Globe.
Thompson (5e) arrive également dans la zone d’alizés de nord-est. J’ai cru comprendre qu’il s’inquiétait de fuites d’eau de plus en plus nombreuses dans son bateau. A confirmer.
Cafarri entre enfin dans le pot-au-noir à faible vitesse en raison de vents instables. Thompson a fait une belle échappée devant elle alors que les deux naviguaient si près l’un de l’autre depuis des jours. Un peu plus de 200 nautiques les séparent. Je donne à parier que Cafarri remontera sur Thompson dès qu’elle touchera du bon vent dans l’Atlantique nord, si seulement sa GV peut tenir. Dès qu’elle aura passé le pot-au-noir, ils seront sept dans l’Atlantique nord jusqu’à ce que Desjoyeaux franchisse la ligne d’arrivée.
Boissières, White et Wilson, fort distants l’un de l’autre, remontent l’Atlantique sud à vitesse réduite en se débattant avec des vents très changeants. Wilson a essuyé dernièrement un joli coup de vent, sans se plaindre. White et Wilson éprouvent tous deux des vents contraires provenant de systèmes météo différents. Wilson a mis le cap au nord-ouest pour s’en dégager. White, lui, a mis le cap au nord-est. Boissières remonte lentement vers le nord, dans la bonne direction, par vent faible d’est. Une distance de 600 nautiques environ le sépare de l’équateur.
Dinelli suivi de près par Sedlacek descend tranquillement vers le Horn. Encore 500 nautiques de Pacifique sud à se farcir dans des conditions météo pas trop difficiles. Reste la question des provisions du bord et des multiples ennuis techniques. Normalement, ils auront franchi le Horn lundi ou mardi.
Mise à jour au pointage de 15 h : Desjoyeaux est pratiquement encalminé si près du but ! Il est à 160 nautiques de la côte française, à la hauteur de Bordeau, cap à l’est-sud-est, en attendant sans doute que le vent passe au sud-est et lui permette de remonter en ligne droite vers les Sables d’Olonne. Malheureusement, si la carte des vents est exacte, il devra patienter près de 24 heures avant le changement de vent escompté. Peut-être a-t-il accès à d’autres renseignements météo plus favorables. Je le lui souhaite, sinon il va devoir ronger son frein dans la zone de calme actuelle. Il n’est pas le seul à être en manque de vent : Le Cléac’h n’en mène pas large non plus au sud des Açores. Les prévisions de vent dans sa zone sont peu encourageantes pour les prochaines 24 h. Finalement, Cafarri ne bouge pratiquement pas à l’entrée du pot-au-noir, pendant que Thompson creuse l’écart plus au nord avec son ancienne camarade de convoi de l’Atlantique sud.
Dernière mise à jour : Une photo aérienne de Foncia prise tôt le matin du 1er février montre Desjoyeaux filant droit au but sous grand-voile arisée et trinquette sur une mer pas trop creuse mais légèrement moutonneuse. Il lui reste une centaine de miles à parcourir jusqu’à l’arrivée aux Sables d’Olonne. Il y est donc attendu en fin d’après midi. Timing parfait puisqu’il embouquera le chenal d’entrée du port avant la marée basse. On imagine l’agitation grandissante sur les quais du port et aux alentours. Il lancera les amarres au quai d’arrivée au début de la 84ème journée de course, lui qui avait prédit qu’il était possible de battre le record de 87 jours tenu jusqu’à aujourd’hui par Vincent Riou, et cela malgré son départ raté des Sables et l’allongement du parcours en raison de la remontée de la porte du Pacifique est.
Une course menée de main de maître durant laquelle le skipper a relevé un peu plus la barre du savoir-faire pour la course au large, savoir-faire qui profitera largement à la prochaine fournée de skippers de course.
S’il semblait se débattre plus tôt en ce 83ème jour de course dans des vents faibles au large de Bordeaux, Desjoyeaux n’y a pas moisi longtemps et a vite retrouvé le vent qu’il lui fallait pour tenir son pari d’une arrivée dans la journée du 1er février. La carte des vents indiquait des vents mollassons dans la zone d’arrivée jusqu’à l’ETA du vainqueur de ce Vendée Globe et ce dernier a encore prouvé d’une certaine façon que c’est lui qui commande les vents nécessaires pour se pointer sans faute à ligne d’arrivée en plein week-end, pour ne pas décevoir le public enchanté. Les grands paquebots de la ligne Cunard réputée pour sa ponctualité n’auraient pas fait mieux !