Au cours des dernières 24 h et plus, Desjoyeaux, zigzagueur invétéré, a encore tiré deux bords de largue bien marqués, d’abord à l’ouest pour ensuite revenir vers l’est. Il maintient maintenant le cap sur le Horn. Jourdain, pour sa part, suivait une trajectoire bien plus rectiligne. Résultat : l’écart en les deux premiers demeure pratiquement inchangé. Plus tôt aujourd’hui, Jourdain filait à 18 nœuds, Desjoyeaux à 16. La mer se creuse devant eux et le vent forcit. Vont-ils pouvoir tenir des moyennes de près de 20 nœuds jusqu’au Cap Horn, ou bien devoir lever le pied à cause de la mer ?
La réponse m’est parvenue avec les derniers pointages : le duo de tête a augmenté sa moyenne à 19 nœuds pour ensuite la voir retomber à 17 nœuds. On imagine les surfs successifs dans une mer qui ne cesse de grossir ! Je donnerais cher pour voir le paysage à partir d’une webcam braquée sur le sillage de Foncia ou de Veolia.
Il faut bien savoir, chers lecteurs et lectrices, que selon les dernières prévisions météo, les parages du Horn, fidèles à leur réputation, se présentent redoutables aux cinq skippers de tête. En effet, un avis de tempête est émis pour la région. Certes les cinq de tête n’ont pas froid aux yeux et n’en sont pas à leur premier coup dur dans la course au large. Néanmoins, ils vont devoir jouer de prudence, malgré la tentation de grignoter du terrain, non seulement pour leur propre bien mais aussi pour celui du matériel qui, comme on l’a déjà vu mainte fois, n’est pas à toute épreuve.
Le Cam (3e), toujours aux abois à 370 nautiques de Desjoyeaux, voudra, lui, profiter de la situation pour diminuer l’écart dès qu’il va toucher du vent sportif. Idem à, peu de choses près. pour Le Cléac’h et Riou.
Jourdain évoque ses difficultés de navigation sur mer peu maniable hier. Le moteur de réglage de sa quille pendulaire ne ne marche pas. Jourdain est donc obligé de régler à la main l’inclinaison latérale de sa quille. Est-ce la raison de sa trajectoire plus rectiligne que celle de Desjoyeaux ?
La nuit dernière, Le Cléac’h (4e), toujours côte-à-côte avec Riou (5e) ou presque, a perdu près d’une heure après qu’un de ses safrans ait heurté un OFNI. Pas de casse heureusement, le safran relevable a fait son œuvre. Sous l’effet du choc, il s’est docilement escamoté. Le Cléac’h admet cependant avoir eu des sueurs froides. On se demande toujours pourquoi Dick et d’autres skippers contraints d’abandonner n’ont pas eu droit au même traitement de faveur en pareilles circonstances.
White sur ‘Toe in Water’ (11e) poursuit sa route à 10 nœuds par vents modérés à légers. Il attend des conditions plus modérées pour pouvoir étalonner son autopilote de facon à ne pas avoir à barrer à la main la plupart du temps. La réparation de son vit-de-mulet est presque terminée. Si tout va bien, il sera fin prêt pour la grande traversée.
Davies (6e), suivie de Guillemot (7e) se payent maintenant, avec des vents plus favorables, davantage de départs au surf. Près de 17 nœuds de moyenne pour les deux au dernier pointage, sans problème majeur pour l’instant. Prochaine étape pour les deux : porte Pacifique Est.
Dee (9e) s’inquiète de l’état de sa grand-voile. Boissière (10e) évoque, lui, des problèmes de lattes. Les deux traversent la même zone du Pacifique ouest à une moyenne respectable, tout en goûtant aux joies de la course au large.