
Steve steering “Mahone Belle” around Cape Canso (Canada)
Steve Sepulchre, fondateur et rédacteur principal de ce blog, a le feu sacré de la voile depuis l’âge de 12 ans, époque à laquelle il obtient son premier brevet de compétence sur dériveurs légers chez KERVOILE à Sainte-Pierre de Quiberon en Bretagne.
Sitôt le brevet en poche, il embarque comme équipier avec un ami de son âge sur 420 et, à deux, participent aux Quatre Heures de Carnac, une belle régatte pour dériveurs légers, assez courrue en ces temps-là. L’année suivante, le duo récidive mais sur 490, dériveur peu connu mais sans aucun doute très compétitif. Le 470 a de loin éclipsé le 490 depuis lors.
Pendant plus de dix ans, Steve et sa famille passent les vacances d’été et de Pâques à Kerhostin sur la péninsule de Quiberon et, quand ils ne font pas de la voile, ils parlent de voile avec les copains de plage.
Débuts sur un petit voilier familial en bois et bien breton: l’Armor 350, cadet de l’Armor 410. Deux ans plus tard, la famille passe sur Ponant avec trapèze et spi. Steve s’adonne aux joies du planing et du trapèze à fond la caisse dans la baie de Quiberon avec des amis mordus de voile. Vient ensuite un voilier de croisière côtière, un RC-20 (du chantier Sylvain) bien équipé, grâce auquel Steve et sa famille apprennent la croisière côtière avec l’aide d’un ancien des Glénans, Guy de Pélouhan, qui leur montre les ficelles de la croisière de jour comme de nuit, beau temps mauvais temps. Guy est hélas décédé mais il incarne toujours pour Steve la débrouillardise et la bonne jugeote en mer. Avec le RC-20, la côte sud de la Bretagne révèle toute sa beauté et ses charmes de Concarneau à l’Ile-d’Yeu, à partir de Port-Haliguen. Ce fabuleux paysage marin s’incruste dans le subconscient de ceux et celles qui en ont exploré les coins et les recoins. On en garde à jamais la sensation dans la peau, en plus des autres sens. Vents, paquets de mer, sorties faciles, sorties difficiles, ports et mouillages grouillant de vie, vent et courant dans le nez, entrée de port interminable à la voile à Lorient notamment, bords de planing délirants sous spi par mer bien formée, calmes plats sous un soleil implacable… tout cela passe et repasse dans la mémoire encore bien des années plus tard comme un film sans fin.
A l’âge de 18 ans, Steve s’établit au Canada où il se remet à régatter sur Laser à un chouette club de voile d’Ottawa entièrement construit sur pilotis. La belle ambiance tant sur l’eau qu’au sein du club ! Encore des souvenirs inoubliables de la voile, en régatte surtout. Par après, avec son frère Christophe, il fait du Tanzer 26 et ensuite du Bénéteau First 325 au Lac Champlain situé au sud de Montréal, entre l’état du Vermont et de New-York.
Interlude de 10 ans sur petit cabinier de 6 m sur remorque, le Sandpiper 565, parfait pour tâter différents plans d’eau autour d’Ottawa, dont la région pittoresque des ‘Thousand Islands’ où commence le fleuve Saint-Laurent. Le Sandpiper est petit mais idéal pour un couple et très facile à remorquer avec sa quille escamotable. Il n’est certes pas conçu pour le gros temps sauf en version originale britannique (version utilisée par les Anglais et capable de faire le tour du Royaume-Uni à la voile !) Il faut donc bien connaître ses limites avant de s’aventurer sur un plan d’eau nouveau.
Toujours attiré par la mer, Steve se met à lire un livre sur la voile intitulé “Wind, Whales and Whisky” de Silver Donald Cameron. Pincement au coeur: pourquoi vivre dans les terres alors que la côte Est du Canada lui rappelle la Bretagne et l’interpelle ? A cela s’ajoute une rencontre inopinée avec celle qui allait devenir son épouse, Heather, et avec qui il fonde enfin famille en Nouvelle-Écosse. Les jeux sont faits : c’est en Nouvelle-Écosse qu’est né non seulement son fils mais aussi le site «Voile pour tous».
Le Sandpiper 565 s’avère trop léger pour la voile en Nouvelle-Écosse.
Pour leur propre sécurité et surtout celle de leur fils, Steve et Heather passent sur Grampian 26, un vieux sloop bien costaud, stable et spacieux. Le rayon d’action des sorties à la voile s’allonge d’été en été autour de Mahone Bay. Hélas, le Grampian coule à son mouillage, victime d’un passe-coque mal choisi et mal monté. C’est le deuil, tant la famille y était attaché. En fait de sloop de 26 pieds, on trouve difficilement plus abordable, logeable et stable. Plus tard, au Salon nautique de 2005 à Halifax, le couple s’éprend du tout nouveau Bénéteau Océanis Clipper 323.
Nouvelle page de navigation à la voile: avec femme et enfant, Steve se lance à la découverte de la côte néo-écossaise. Il renoue avec la mer et découvre la grande croisière côtière vers l’Est et l’Ouest, toujours à partir de Mahone Bay, une baie déjà en soi fort agréable pour la navigation de plaisance. Avec le Bénéteau 323, le Lac Bras d’Or au Cap Breton devient une destination de choix. Les arrêts en cours de route sont envoûtants. Les souvenirs de la Bretagne s’estompent un peu chez Steve tant la personnalité du littoral néo-écossais s’impose à sa façon. L’heure est à la découverte et non plus aux retours en arrière. C’est que la météo est capricieuse et le littoral sauvage pratiquement désert, sauf à proximité des quelques villes côtières. Heureusement, il y a maintenant le GPS sans quoi la navigation à l’estime le long d’une côte aussi rocailleuse accaparerait toute l’attention des plaisanciers éloignés des rares centres nautiques.
Arrive la crise de 2008/2009. Nécessité de vendre le Bénéteau 323 après cinq étés de croisières fabuleuses. Steve et sa famille naviguent maintenant sur Tanzer 22, sloop idéal pour la région de Mahone Bay. Pour la famille de trois, c’est un renoncement inévitable aux défis de l’Atlantique pour raisons de sécurité. Le Tanzer 22 est trop bas sur l’eau. Il ne pourrait encaisser la grosse mer le long du littoral comme le faisait aisément le Bénéteau 323.
La suite de l’histoire…? C’est maintenant qu’elle se passe; tout comme la vôtre, chers lecteurs.
P.S. : Par vous, Stan✝ et Hervé, j’ai autant appris sur la voile que j’ai versé de larmes de joie en mer. Sacrés fumeurs de Gitanes et buveurs de Muscadet, va ! Quand l’eau potable manquait à bord du RC-20, il y avait toujours du Muscadet, même pour se brosser les dents. Vous m’avez montré qu’on peut, sur un petit voilier de 7 m, vivre de cassoulet en boîte et remonter jusqu’au fond du port de Lorient à la voile contre vents et marée, pour enfin assister à la criée, aux premières heures du matin, à Lorient. Les années ont filé et l’eau sous ma coque aussi. Jamais, au grand jamais, le souvenir de nos escapades en mer ne s’effacera où que vous soyez. La générosité de deux vacancières et l’abondance des pommes sauvages à Port Manech qui nous ont tirés d’embarras quand la cagnotte du bord était vide, les hauts-fonds de l’archipel des Glénans que nous avons talonnés du bout de la quille comme un disciple s’agenouille devant la demeure du maître, et tant d’autres souvenirs mémorables. Que Neptune vous soit toujours favorable.
✝ Stan est décédé en 2015.
Bonjour Steve,
Bien mauvaise nouvelle, Stan (Jean-Goustan) est décédé le 16 mai 2015.
Ses obsèques ont été célébrées le 20 mai dans la petite église de Saint Goustan à Auray.
Hervé
j’ai beaucoup apprécié ces souvenirs en bretagne la naissance du bébé, le départ au canada . en parcourant je note bien ton amour pour le voilier ,la mer… j’attends la suite….
Très agréable à lire et intéressant de voir ton parcours.