by Steve | 11 December 2008 | Vendée Globe 2008-2009
Le mauvais sort s’acharne sur Jean Pierre Dick, Paprec-Virbac (6e position). Après une avarie à son safran tribord suite à une collision avec un OFNI (objet flottant non identifié) il y a quelques jours, et après un déroutement coûteux en temps vers le nord afin de le réparer tant bien que mal, Dick avait repris la course non sans crainte mais gonflé d’espoir de boucler la course. Or, voilà qu’un autre OFNI lui a arraché aujourd’hui son safran bâbord d’un coup net. On devine sa déception, sinon sa rage, de devoir abandonner la course après tant de malchance. Il fait route au nord pour l’instant en attendant de choisir vers quel port se diriger avec un seul safran plus au moins solide.
Pourquoi son safran ne s’est pas relevé sous l’effet du choc, comme celui de Sam Davies sur Roxy il y a deux nuits ? Les mâts et les safrans seraient-ils les talons d’Achille de ces merveilleux maxis ? Mais ces doubles safrans ne sont-ils pas tous relevables en cas de choc ? A élucider…
Armel Le Cléac’h, Brit Air (4e position) navigue toujours de conserve, pour ainsi dire, avec Vincent Riou (4e) derrière LeCam (3e). Le Cléac’h est impatient de passer dans l’Atlantique après le Horn, car il trouve – à juste titre – le Pacifique Sud dur en général tant pour les skippers que les bateaux. Il se trouve toujours dans une zone de vent fort et se paye de bons moments de surf. Hormis ces périodes de satisfaction, la mer demeure peu confortable dans sa zone.
Quant au duo de tête, Desjoyeaux (1er) et Jourdain (2e), l’écart entre les deux est passé de 55 nautiques hier à 160 aujourd’hui. La zone de vent faible a vraiment coupé hier l’élan de Jourdain, alors qu’il se rapprochait inéluctablement de Desjoyeaux. Celui-ci a franchi le premier la porte du Pacifique est et descend à 16 nœuds de moyenne environ vers le Horn. Jourdain, lui, devrait se présenter aussi à la dernière porte de sécurité dans les prochaines heures. Il tient pour l’instant la moyenne très enviable de 18 nœuds.
Marc Guillemot (8e) sur Safran marche toujours bien, malgré son rail de mât en partie cassé, et a passé la porte de la Nouvelle-Zélande à 300 nautiques derrière Sam Davies (7e) sur Roxy.
Excellente vidéo tournée hier à partir d’un bimoteur léger qui nous a donné ainsi de superbes images de Viva (10e) filant bon train sur une mer visiblement moutonneuse aux abords de la porte de la Nouvelle-Zélande. Bavardage radio air-mer avec Dee qui semblait avoir bon moral. La vidéo en question est accessible du site officiel du Vendée Globe.
Peyron (abandon) est finalement arrivé sain et sauf à Fremantle sous gréement de fortune où il se trouve maintenant en compagnie de Wavre (abandon).
Mise à jour : Effectivement, l’écart de 160 nautiques signalé entre les deux premiers plus tôt dans la journée me paraissait quelque peu invraisemblable. Le passage de la dernière porte par Jourdain remet les pendules à l’heure juste : il est en réalité à 73 nautiques dans le sillage de Desjoyeaux. En plus, il cavale ! Voyons voir ce que cela donnera demain.
by Steve | 11 December 2008 | Vendée Globe 2008-2009
Le rail de mât de Marc Guillemot sur Safran est de nouveau cassé mais à un autre endroit. Il compte néanmoins poursuivre la traversée du Pacifique sud et avisera après le passage du Cap Horn.
Desjoyeaux prévoit se présenter à la porte Pacifique Est, la dernière avant la descente vers le Cap Horn, dans 24 h environ. Il a bien marché comme d’habitude, tout en étant parfaitement conscient de la précarité de sa position de leader. Après tout, Jourdain n’est plus qu’à 55 nautiques derrière lui maintenant. Desjoyeaux admet dormir assez peu. Il est actuellement dans une zone de vent plutôt faible, selon la carte des vents, mais devrait retrouver du vent plus puissant sous peu.
Jourdain qui dernièrement réduisait son écart avec le leader va arriver bientôt dans la même zone de calme relatif où se trouve Desjoyeaux. Techniquement, Desjoyeaux devrait pouvoir profiter de la situation pour se distancer davantage de Jourdain, son bateau étant plus léger et plus toilé. Qui vivra verra…
Au cours des dernières 24 heures, Jourdain a franchi la distance mirobolante de 441 nautiques, de quoi renforcer son espoir de prendre la place de leader dans la course. Les prochaines heures de course, notamment le passage de la zone de vent faible dont il s’approche, seront déterminantes à cet égard. Le jeu de l’élastique continue donc entre les deux premiers.
Samantha Davies sur Roxy a dû s’arrêter en pleine nuit après avoir amené toute la toile, suite à un choc avec un objet non identifié. Vérifications faites, elle n’a constaté aucun dommage au safran qui s’était relevé sous l’effet du choc et s’est remise en route. Tout un boulot, dit-elle, que de s’arrêter ainsi en pleine nuit, toutes voiles affalées, pour ensuite repartir illico presto ! A quand les winchs électriques sur les maxis ? Question de modifier le règlement de la course ou quoi…?
Vincent Riou sur PRB opine que le système de portes et la précision des données météo limitent les options stratégiques pour les concurrents de la présente édition du Vendée Globe. Il n’est pas le seul à en parler. Toutefois, vue du côté spectateurs, la course demeure captivante. Riou observe par ailleurs que les maxis d’aujourd’hui sont plus rapides que jamais. Raison de plus de ménager sa monture au lieu de la pousser à fond par tous temps. Je serais curieux de savoir ce que Yann Eliès aura à dire, le cas échéant, à ce sujet. S’est-il cassé le fémur du fait d’avoir été pris par surprise par la vitesse à laquelle son maxi a rattrapé la vague précédente ? La question se pose. Toujours est-il que sa blessure et son abandon de la course sont regrettables. On lui souhaite une bonne convalescence.
Mise à jour : la cartographie démontre plus tard dans la journée ce qui avait été prédit plus tôt ci-dessus : Desjoyeaux s’est extrait de la zone de vent faible tandis que Jourdain y traîne de la patte. La moyenne du leader remonte à 19 noeuds et celle de Jourdain chute à 10. Avantage Desjoyeaux. Mais pour combien de temps encore avant que le bolide Jourdain ne retrouve du bon vent et reparte “with a bone in her mouth” aux trousses de Desjoyeaux ? Joli duel entre deux as de la course au large !
by Steve | 11 December 2008 | Vendée Globe 2008-2009
En général, pour les concurrents du Vendée Globe, la météo s’améliore. Dans la plupart des secteurs concernés, le vent a nettement molli, parfois trop même au goût de certains concurrents. Plusieurs d’entre eux se réjouissent de voir le soleil après avoir passé des jours sous un ciel couvert et souvent menaçant.
Josse abandonne officiellement la course après avoir pu examiner attentivement ses safrans. Il semblerait que l’avarie soit irréparable en mer et empêcherait son maxi d’évoluer à plus de dix nœuds. En outre, son roof est fissuré. Décidemment… dur à accepter qu’une grosse déferlante puisse avoir le même effet qu’une collision avec obstacle solide. Et dur aussi pour ceux qui, comme moi, essayent d’imaginer du confort de leur domicile sur la terre ferme l’état de la mer dans laquel se trouvait Josse.
On vient d’apprendre que Derek Hatfield sur Spirit of Canada – Algimouss abandonne, lui aussi, officiellement la course. Il avait subi des avaries à son gréement et à l’électronique de bord après s’être fait coucher plusieurs fois au plus fort de la tempête de cinq jours. Épuisé mais indemne, semble-t-il, il se dirige à vitesse réduite vers la terre ferme, sans doute Hobart. Décision difficile pour lui que d’abandonner, mais sans aucun doute mûrement réfléchie.
Est-il trop simpliste de se demander pourquoi des maxis conçus pour des performances maximales ne soient pas aussi conçus pour des conditions extrêmes et surtout prévisibles ? S’il y a un compromis à faire entre performance et résistance, de quel côté penche la balance ? Il y a quelques jours, je me demandais s’il incombait aux skippers de savoir quand lever le pied avec leur bolide flottant. Toutefois, connaissant la prudence en mer d’un skipper comme Derek Hatfield, j’en suis à me demander si l’esprit de concurrence ne prévaut pas dans le calcul des risques aux moments de la conception et de la construction d’un maxi ? Jusqu’à présent, les concurrents blessés ou en difficulté technique ont pu faire escale à quelques jours de voile du lieu de l’incident. Espérons que rien de semblable ne se produise en plein milieu du Pacifique sud.
Autres nouvelles : Desjoyeaux et Jourdain, les deux premiers de la course à près de 100 nautiques l’un de l’autre, se sont remis à faire du planning de façon assez régulière. Leur vitesse moyenne oscille entre 18 et 19 nœuds par bon vent dans une mer plus maniable.
Desjoyeaux réussit toujours à garder la tête malgré la nécessité d’affaler sa grand-voile plus tôt aujourd’hui, le temps de changer des lattes endommagées. Il se pourrait même que l’écart entre lui et Jourdain dépasse bientôt les 100 nautiques. A la place de Desjoyeaux, je n’aurais l’esprit tranquille qu’avec un écart de 500 nautiques du poursuivant immédiat, et encore ! Desjoyeaux ‘bénéficie’ d’un maxi plus léger et plus toilé que celui de Jourdain. Cela ne saurait être le seul gage d’une éventuelle victoire dans l’édition 2008-2009 du Vendée Globe. Plusieurs des poursuivants n’ont pas dit leur dernier mot.
Quoiqu’il en soit, au rythme où ils progressent, les deux premiers devraient se trouver dans les parages du Cap Horn dans la première semaine de janvier 2009.
Samantha Davies sur ‘Roxy’ passe la porte de la Nouvelle-Zélande et, avec l’abandon de Josse, passe en 7e position sur les 16 concurrents encore en course. Elle suit de près Jean-Pierre Dick, en 6e position sur ‘Paprec Virbac 2’. Marc Guillemot qui avait fait escale aux îles Auckland pour réparer une avarie, revient à la charge en 8e position à la vitesse de 18 nœuds. A ce rythme, il a de bonnes chances de regagner le peloton de tête.
On déplore la perte de Generalli, le maxi de Yann Eliès, abandonné en haute mer après le sauvetage de Yann par la marine australienne. Laissé à la cape dans la tempête, Generalli a présumément fini par couler selon les signaux envoyés automatiquement par les balises de détresse à bord du maxi.
Bilan de la mi-course : un blessé grave mais bien secouru, un grand nombre d’abandons, de nombreuses avaries en tous genres plus ou moins graves, un maxi coulé. Pas très gai comme bilan, toutefois on ne déplore aucun autre blessé grave ni perte de vie malgré l’état déchaîné de la mer pendant quelques jours, de la tête de la course jusqu’au peloton de queue. Disons qu’avant l’entrée dans le Pacifique sud, ce bilan devrait être particulièrement instructif et inciter tous les concurrents encore en course à ne pas jouer à la roulette russe avec vents et mer.
by Steve | 11 December 2008 | Vendée Globe 2008-2009
Nouveau coup dur pour le Canadien, Derek Hatfield, sur Spirit of Canada – Algimousse. Quand on pense que pendant cinq jours, il naviguait dans des conditions météo impossibles au sud de l’Australie en modérant l’allure pour éviter la casse et ménager sa forme physique. Comme dans le cas de Josse, une vague venue de nulle part, bien plus forte que les autres, sans doute ce qu’on appelle en anglais un ‘rogue wave’, lui a donné une claque du tonnerre. Pour Hatfield c’est la suite d’une série noire, puisque son bateau Spirit of Canada – Algimousse avait déjà été couché, le mât dans l’eau, par trois fois durant la tempête avant le coup de grâce d’aujourd’hui.
Il ne nous reste qu’à lui souhaiter de pouvoir rallier la Tasmanie en toute sécurité et de pouvoir y réparer les avaries, retrouver ses forces et sa motivation afin de se remettre en course. Il n’est pas étranger aux rudes épreuves puisque lors de sa première course en solitaire il y a près de 20 ans, il avait démâté près du Cap Horn pour ensuite rallier les Malouines sous gréement de fortune. De là, il avait poursuivi la course jusqu’à destination avec un nouveau mât dépêché par avion aux Malouines.
Josse qui était parmi les premiers, fait route au nord afin de trouver une mer plus calme lui permettant de mieux évaluer les dégâts et, avec un peu de chance, les réparer en mer. Officiellement, il est toujours en course.
Je signalais hier que les administrateurs du Vendée Globe ont remonté plus au nord la barrière est du Pacifique sud pour des raisons de sécurité. Aujourd’hui, nous apprenons que ce repositionnement de la porte allonge la distance à parcourir pour boucler la course de quelque 450 nautiques, soit un peu plus d’un jour de voile pour les concurrents qui marchent fort.
Desjoyeaux est toujours bon premier devant Jourdain et est en train de franchir la porte ouest du Pacifique sud à près de 18 noeuds de moyenne. Le groupe de tête – Desjoyeaux, Jourdain et LeCam – agglutinés à cette porte, aurait donc pratiquement franchi la moitié du Pacifique sud, n’en était du détour occasionné par le déplacement plus au nord de la porte suivante, soit la dernière avant le Cap Horn.
by Steve | 11 December 2008 | Vendée Globe 2008-2009
La série de dépressions qui pourchassait les concurrents du VG ses derniers jours semble se calmer. Certains l’ont ressentie très fort, d’autres beaucoup moins. Résultat : un nouvel abandon possible, celui de Josse qui fait route au Nord pour évaluer les fissures dans son roof et sa coque avant de décider si ça vaut la peine de se remettre en course dans le Pacifique sud. Abandon possible, hélas, de Derek Hatfield dont l’électronique de bord et les instruments de mesure du vent en tête de mât ont été endommagés par trois knock-downs. Pour l’instant il poursuit la course à 12 nœuds de moyenne avec, en plus de autopilotes sur lesquels il ne peut pas compter lorsque le vent souffle à plus de 35 nœuds. C’est une grande décision à prendre pour ces deux concurrents avant d’entamer la traversée du Pacifique sud vers le Cap Horn, car au moins pour l’instant, ils peuvent rallier la terre ferme en peu de temps. Ce ne sera pas le cas au milieu du Pacifique.
Deux situations marrantes : Samantha Davies qui a subi la tempête comme une fleur, sans dégâts, et au lieu de se plaindre, s’inquiète des autres. Ensuite, Desjoyaux, toujours premiers, dont la moyenne est passée à 17 nœuds (mer sûrement plus calme), sans casse non plus, et continue de semer ses poursuivants. Il a le toupet de dire qu’il n’est pas satisfait de lui-même. Dur, dur, dur d’être perfectionniste !
Guillemot, avec son rail de mât cassé à la partie supérieure du mât, est ancré à l’île Enderby parmi les îles Auckland, pour réparer en eau calme. Les dégâts sont plus graves qu’il ne le pensait. Quel superbe spectacle d’où il est ancré ! Je suis allé voir sur Google Earth; ça donne vraiment envie d’aller à cette île ou série d’îles voisines. Guillemot avoue lui-même que c’est dommage qu’il ne soit pas venu en touriste. Il n’y a pas grand monde autour mais une nature magnifique à perte de vue.
Les administrateurs de la course, un peu secoués par la série de tempêtes que vient d’essuyer la flotte du VG, ont changé l’emplacement de la porte est du Pacifique sud, la dernière donc avant le Cap Horn. La nouvelle position de la porte va forcer les concurrents à naviguer dans des conditions météo moins extrêmes et aussi plus au nord de la limite des icebergs. Bonne décision, à mon avis, vu le nombre d’avaries et d’abandons subis par les concurrents dans l’océan Indien et l’ouest du Pacifique sud.
Où et comment s’entraînent des skippers cool comme Samantha Davies ? La question m’intriguait depuis un bout de temps. Tout d’abord, il faut bien savoir que derrière chaque skipper, il y a toute une équipe qui a préparé le bateau et le skipper pendant des années. Il suffit d’aller voir sur leur site web respectif. Ensuite, pour les skippers qui en ont les moyens, il existe en France une école de voile très poussée qui forme les futurs skippers pour la course au large. Cette école de voile hautement spécialisée et réputée vaut le coup d’œil : www.polefinistere.com.
Autre remarque : les maxis du VG actuel les mieux rôdés sont ceux qui ont été construits il y a quelques années, l’un d’eux en 2000, pour passer ensuite de main en main, tout en se faisant retaper, alléger, moderniser, etc. Parallèlement à cela, les skippers les mieux placés dans la course possèdent presque tous un palmarès déjà très impressionnant et long. Rares sont ceux qui n’ont pas déjà gagné deux à trois fois des courses aussi éprouvantes que prestigieuses, comme la Route du rhum, les éditions précédentes du VG, etc. Pour voir leurs palmarès, si le cœur vous en dit, allez au site du VG et zyeutez sous la rubrique « Les skippers ».